Vers le milieu de l’année 2010, le monde occidental a connu une perturbation majeure qui l’a contraint à changer ou même suspendre ses projets et ses entreprises. À l’époque, la chose semblait terrible et même impensable. Beaucoup étaient paralysés devant l’imprévisibilité de la circonstance et à la pensée des leçons solennelles qu’on pouvait en tirer. Aujourd’hui, dix ans plus tard, la planète entière est affectée par une autre circonstance très particulière, mais tout autant perturbatrice. En lisant les lignes ci-dessous, il est possible de sourire en se demandant pourquoi tant de panique alors, étant donné qu’on voit bien pire depuis quelques mois, mais la leçon reste la même et elle garde toute sa pertinence et sa sagesse, que ce soit au niveau de la planète ou peut-être de quelque circonstance personnelle.
Depuis quelques mois, un volcan islandais au nom imprononçable (Eyjafjöll) provoque toutes sortes de perturbations pour l'Europe et l'Atlantique Nord. Après une série d'éruptions spectaculaires, il a commencé à projeter des cendres dans l'atmosphère au-delà des limites permises pour la navigation aérienne, nous dit-on.
L'Islande est bien loin, pensait-on avant, mais on s'aperçoit maintenant qu'elle est sur notre pas de porte. Le monde des hommes recherche une globalisation de la vie, et il semble que la nature ait le désir de jouer au même jeu !
La manifestation la plus évidente de ce fait divers a été la fermeture de la plupart des aéroports du nord de l'Europe pendant près d'une semaine en avril. Des dizaines de milliers de passagers ont été cloués au sol, loin de leurs lieux de destination.
Il est vrai que ce contretemps a parfois causé des situations difficiles, comme pour ces étudiants qui devaient passer un concours en France alors qu'ils étaient bloqués aux États-Unis (qu’allaient-ils faire dans cette galère ?). Ces perturbations ont aussi coûté très cher aux compagnies aériennes et à certaines entreprises.
Mais ce fait divers a pourtant une vertu au moins, même s'il sera difficile de trouver beaucoup de gens pour l'admettre. Aujourd'hui, on peut pratiquement se déplacer d'un bout à l'autre du monde à volonté. On planifie régulièrement toutes sortes de voyages sans entretenir le moindre doute quant à leur réalisation. Et voici que, soudain (et probablement pour de nombreux mois), nous avons l'occasion de voir que le contrôle que nous pensons posséder sur notre vie n'est en fait qu’une illusion.
Cette attitude, qui veut que l'homme se croie en contrôle de ses projets, n'est pas nouvelle. Elle était déjà répandue au premier siècle de notre ère, notamment dans le monde des affaires de l'empire romain. Elle avait même touché certaines personnes qui se trouvaient dans les églises chrétiennes naissantes.
C'est pourquoi, en bon pasteur, Jacques cherche à ramener ces gens (et tout au moins ses frères chrétiens) à une réalité qu'ils n'auraient jamais dû oublier. Au quatrième chapitre de son épître, il s'adresse à des gens très modernes : «À vous maintenant, qui dites : Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous trafiquerons, et nous gagnerons !» (v.13) Que leur dit-il ? Une vérité si évidente qu'on pourrait s'étonner qu'il faille la rappeler : «Vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain ! Car, qu'est-ce que votre vie ? Vous êtes une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît.» (v.14) Il n'est peut-être pas très plaisant d'entendre cela, mais qui contestera la réalité de ces propos ?
Jacques prône-t-il l'immobilisme ? Loin de là ! Il donne un conseil très sage, qui rappelle à l'être humain qu’il est une créature de Dieu et qu'il se trouve dans le monde de Dieu. Nous avons besoin de ce sage conseil en raison de l'orgueil inné qui nous habite tous sans exception. Quelqu’un qui parlait de ses projets il y a quelques semaines ajouta en souriant : «Le volcan voulant !» Jacques est beaucoup plus près de la vérité dans ses conseils : «Vous devriez dire, au contraire : Si Dieu le veut, nous vivrons, et nous ferons ceci ou cela» v.15).
Oui, Dieu voulant, nous ferons... Écoutez la leçon du volcan !
(«Les Échos de la Vérité», 3ème trimestre 2010)
