Quelle beauté l'arc-en-ciel revêt dans le ciel après un violent orage ! Les cieux assombris et les nuages font encore peser leur menace mais, soudain, un rayon de soleil perce, et la merveilleuse irisation des couleurs se tend au-dessus de l'horizon. Cela fait penser au joaillier qui place le diamant sur le velours noir et sous les feux de son étalage.
L'histoire de Ruth se termine de la sorte. Les nuages sombres de l'épreuve pesaient lourdement sur Naomi et Ruth, lorsque soudain le soleil perce dans la personne de Boaz. Voici, l'arc-en-ciel brille avec vigueur sur la toile des sombres nuages. Nous voyons toutes les bénédictions dont jouirent Ruth et Naomi en raison de Boaz, le parent au droit de rachat.
Tous ceux qui appartiennent au Seigneur Jésus-Christ partagent le même état béni. En écrivant aux Éphésiens, Paul dit : «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ !» (1:3) Tout enseignement au sujet de récompenses dans le ciel qui se baseraient sur les mérites personnels ne s'accorde pas avec la Bible. Alors que Dieu écrit le dernier chapitre du livre de Ruth, Naomi n'a pas plus d'importance que sa belle-fille. Bien qu’originaire de Moab, Ruth bénéficie tout autant de la relation avec Boaz que n'importe quel autre membre de la famille. Pourquoi cela ? Simplement en raison de Boaz lui-même et du rachat crucial qu’il a accompli.
Sur toute la surface du globe, les croyants varient grandement sur le plan de la culture, de la langue, de la situation géographique, de l'éducation ou du rang social. Cependant, ils n'en sont pas moins unis, en raison de leur Seigneur et Sauveur.
Les croyants possèdent tous la même foi (Hébreux 11)
Lire cela peut surprendre certains, car il existe de nombreux points de vue divergents aujourd’hui dans ce qu'on appelle la «chrétienté». Il faut dire que quiconque porte le nom de «chrétien» ne l'est pas nécessairement. Mais il existe une foi authentique qui procure le salut. Partout dans le monde où vous trouvez une telle foi, vous avez un croyant authentique. Il ne s'agit pas seulement de la foi dans le Seigneur Jésus-Christ, mais de la foi au Fils de Dieu (Galates 2:20). Tout vrai croyant porte ses regards vers le Fils de Dieu, Jésus-Christ, seul. Ruth et Naomi offrent une image de cette espérance et de cette confiance en s'attendant à ce que Boaz, leur parent, accomplisse son œuvre de rachat.
Les croyants bénéficient tous de la même rédemption (Hébreux 9:15)
Ce n'est pas le produit de leurs propres mains, mais l’œuvre du Rédempteur. Il en est de même pour tout enfant de Dieu comme dans le cas de Naomi et de Ruth. Le Rédempteur conçut et exécuta la rédemption de chacun des siens. Pour sa part, Boaz ne se contenta pas de rendre la rédemption possible pour les deux femmes pourvu qu’elles croient. Il racheta deux femmes précises et très particulières.
Pareillement, Christ n’est pas venu pour rendre possible la rédemption de quiconque pourrait éventuellement découvrir en soi la capacité de croire. Il racheta tous ceux que le Père avait élus et lui avait donnés de toute éternité. Christ ne rachète pas les pécheurs parce qu'ils croient, mais ceux-ci croient parce que l'Esprit révèle Christ en eux. Grâce à cette révélation, ils comprennent que Christ a obtenu leur rédemption en particulier pour eux.
Le quatrième chapitre de Ruth illustre avec une clarté de ce genre la grande œuvre de rédemption que Christ a accomplie pour son peuple. Boaz se rendit à la porte de la ville pour assembler les anciens et régler le cas de Ruth. La porte était le lieu où les anciens s'occupaient de toutes les affaires légales. De même, le Seigneur Jésus-Christ alla au lieu de jugement quand il vint sur cette terre. Il venait satisfaire aux exigences de la loi et établir la justice des siens (Ésaïe 42:1-4). Il ne prit aucun repos avant d'avoir parfaitement satisfait à toutes les justes exigences de Dieu pour eux. C'est en raison de lui que l'Écriture peut dire : «Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus- Christ» (Romains 8:1).
Le parent qui avait un lien plus rapproché que celui de Boaz, et qu'il lui fallait confronter, dut passer par une démonstration d'humilité en public. Il lui fallut enlever sa sandale pour la remettre à Boaz en signe d'abandon de ses droits sur Naomi et Ruth. Cela illustre l'œuvre que Christ accomplit quand «il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a éliminé en le clouant à la croix» (Colossiens 2:14). Christ se fit homme, comme ceux qu'il venait sauver. Il fut tenté en toutes choses comme ceux qu'il représentait. Il fit ce que la loi ne pouvait pas faire pour nous. Il vécut une justice parfaite. Ce faisant, il ôta son peuple de l'emprise de la malédiction de la loi, une fois pour toutes.
Boaz ne se contenta pas de racheter pour Naomi l'héritage qu'Élimélec avait perdu lors de la famine. Il épousa Ruth pour susciter une postérité qui permettrait au nom de subsister à jamais (4:9,10). Voici une belle image de ce que le Seigneur Jésus-Christ fait pour les pécheurs qu'il rachète. Il ne se contente pas de les replacer dans l'état de félicité que leur père terrestre, Adam, avait perdu par sa désobéissance. Christ prend pour épouse ces pécheurs qu'il rachète. Il leur donne son nom et il les fait participer avec lui à l'héritage (Romains 8:17).
Toutes les réjouissances et les bénédictions du peuple à l'occasion du mariage de Boaz et Ruth (4:11,12) représentent la joie et la bénédiction qui appartiennent à Christ et à son peuple. Aujourd'hui, le monde méprise les vrais enfants de Dieu. Ce qu'ils seront n'a pas encore été révélé (Romains 8:19 ; 1 Jean 3:2). Mais le jour arrive où le Seigneur revient pour les rassembler des quatre vents. Alors, le monde découvrira leur vraie gloire. Quel jour grandiose ce sera, ce festin des noces de l'Agneau ! Malheur à quiconque en ce jour n'est pas prêt et ne connaît pas l'Agneau (Matthieu 22:1-14 ; Apocalypse 19:7) !
Les enfants de Dieu partagent tous un même Évangile (Galates 3:8,9)
Abraham crut Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Tous ceux qui appartiennent à Christ croient Dieu. Ils se fondent sur sa Parole, et Dieu ouvre leur cœur afin qu’ils reçoivent le témoignage qu'il a donné de son Fils. Ce témoignage donne toute la gloire à Jésus-Christ, et le peuple de Dieu fait de même. En lisant le récit de Ruth, l'identité et l’œuvre du Rédempteur sont évidentes, ainsi que les résultats de son œuvre. Rien n'est laissé à l'imagination ou au doute. Quiconque croit au Seigneur Jésus-Christ peut lire cette histoire et y insérer son propre nom. Il s'agit de l'Évangile du Seigneur Jésus-Christ. Tous les enfants de Dieu, partout dans le monde, reçoivent leur part à cette bénédiction.
Enfant de Dieu, où que vous soyez aujourd'hui sur cette planète, prenez courage ! Comptez vos nombreux bienfaits en Christ. Vous ressemblez à Ruth. Elle fut choisie en particulier par Dieu du sein d'une race condamnée. Dieu n'était sous aucune obligation de choisir l’une ou l’autre des deux belles-filles de Naomi. Il choisit Ruth selon le bon plaisir de sa volonté (Romains 9:25). En parlant de la bénédiction de Naomi, les femmes de Bethléhem utilisent une expression dont l'Écriture se sert pour décrire les élus de Dieu : «heureux, bénis» (Psaume 65:5 ; Éphésiens 1:3).
Cher ami racheté, comptez vos bénédictions en Christ. Comme pour Ruth, votre rédemption découle uniquement de l’œuvre du Rédempteur. Sa grâce qui a fait pour vous la distinction en est la seule raison (Ruth 1:14 ; 1 Corinthiens 4:7). La providence inébranlable de Dieu trace la voie qui passe de la condamnation au salut (Ruth 2:3 ; Romains 8:28). Dieu entoure ce sentier d’un côté par sa bonté et de l’autre par sa miséricorde. Il s'assure ainsi que rien n'empêche ses élus d'obtenir tout ce qu'il leur a destiné en Christ (Ésaïe 60:18 ; Psaume 23:6). Telles sont les bénédictions de la grâce de Dieu dont jouissent tous les siens.
N'oublions pas que la plus grande bénédiction de toutes consiste en ce que le Rédempteur en vienne même à se soucier de pauvres et misérables pécheurs tels que nous sommes. «Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu !» (1 Jean 3:1) L’amour dont Boaz fit preuve à l'égard de Ruth montre l'amour de Christ pour son Église (Ruth 2:8,19 ; Romains 8:39). Quelle chose improbable pour Boaz, citoyen d'Israël, que d'épouser une femme moabite ! Et quelle merveille pour Christ que de donner sa vie pour les pécheurs ! L'Écriture donne deux raisons pour cela.
1. Christ en reçut l'ordre de son Père. Puisqu'il aime le Père, il fut obéissant jusqu'à la mort (Jean 10:18 ; 5:19). La loi demandait à Boaz, le parent, de prendre soin de Naomi et de Ruth. Par amour pour Dieu et en obéissance à la loi, il fit le nécessaire pour les racheter.
2. Christ mit un comble à son amour pour les siens (Jean 13:1). Boaz ne se contenta pas d'agir par devoir à l'égard de Ruth. Elle était l'objet de son affection. Elle fut sa seule épouse. Quelle belle image de Christ ! Son amour pour son Église est éternel. Il ne s'agit pas de quelque amour général et indéfini, comme certains aiment à le penser, et par lequel il aimerait tout le monde également. Son amour est particulier, distinctif. «C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi» (Jean 17:9).
C'est ce qui rend si merveilleuse l’union entre les rachetés et leur Rédempteur (Ruth 4:13 ; Éphésiens 5:25-27). Les filles de Jérusalem demandaient à la Sulamithe : «Qu'a ton bien-aimé de plus qu'un autre ?» (Cantique des cantiques 5:9) Elle répond : «Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; il se distingue entre dix mille.» Le croyant répond ainsi à ceux qui lui demandent ses pensées à l'égard de Christ. Ruth devint la grand-mère de David, l'ancêtre de Christ, et cela entièrement par la pure grâce de Dieu (4:17-22).
(«Les Échos de la Vérité», 1er trimestre 1995)
