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Pas de troisième voie

Chaque génération a ses propres particularités et des idées maîtresses qui la distinguent des autres. Nous vivons aujourd'hui en un jour qui rejette ce qui est généralement considéré comme des extrêmes, que ce soit dans les domaines du social, de l'économie ou de la politique. Je ne cherche pas ici à exprimer une opinion sur la validité ou non de cette modération dans les domaines mentionnés. En revanche, dans la sphère de la théologie, nous avons de quoi être inquiets, surtout en pensant à ce que Dieu a à dire sur ceux qui ne sont ni froids ni bouillants (Apocalypse 3:16).


Deux doctrines opposées


Il est populaire aujourd’hui, dans les milieux théologiques en vue, de suivre ce qu'on appelle «la troisième voie», «une voie médiane». Par exemple, on nous dit que «l'Écriture n'enseigne ni le calvinisme, ni l'arminianisme. Ce sont deux positions extrêmes qu'on doit éviter car, ce faisant, on n’encourage pas les disputes ou les divisions.»

Les auteurs d'un tel conseil montrent qu’ils ne comprennent absolument rien à la nature de la vraie différence qui sépare ces deux conceptions du salut.

Le calviniste (ces noms, plus ou moins heureux, affublent les deux conceptions du salut pour des raisons historiques) soutient que la chute dans le jardin d’Éden a entièrement corrompu et dépravé l’être humain, que celui-ci est en conséquence l'esclave de l’état de péché et de mort dans lequel il s’est plongé par sa désobéissance. L’homme gît donc dans une dépendance totale de la grâce de Dieu pour bénéficier de la vie spirituelle qui procure le salut.

À l'opposé, l'arminien prétend que le pécheur possède toujours le pouvoir de décider s'il va rester dans le péché ou se tourner vers Dieu. Cette pensée rejette le fait que la chute en Éden a résulté en la corruption de la volonté de l'homme, ainsi qu’en sa mort spirituelle par rapport aux choses de Dieu. L'arminien trouve ici un allié en ceux qui optent pour «la troisième voie» déjà mentionnée. Les tenants de cette philosophie ne croient pas non plus que la chute a corrompu l'homme entièrement, y compris sa volonté. Nous sommes donc en face d’une différence fondamentale.

La volonté de l’homme est déchue

Certains protestent en disant : «N'est-il pas vrai que la Bible décrit souvent l'homme comme ayant le devoir de choisir, et qu'elle le tient pour responsable de sa décision ?» En réponse à cela, il convient de souligner qu’il ne faut pas confondre la liberté humaine, dont la Bible parle effectivement, avec les concepts philosophiques conçus par les hommes et avec leurs spéculations sur cette liberté.

Selon l'Écriture, le péché affecte la totalité de la nature humaine et fait désormais partie intégrante de la totalité de son être. Il corrompt la totalité de cet homme, et cela inclut la volonté de ce dernier. L’homme a toujours la capacité de choisir – c’est un agent libre – mais sa volonté ne peut pas choisir ce qui est contraire à sa nature, maintenant tordue par le péché. La liberté dont parle la Bible est cette liberté d'agir selon sa volonté, et elle le rend responsable de ses actions, ainsi que coupable car ses décisions ne s’accordent plus avec la volonté de Dieu. Dieu n'influence pas ni ne force l'homme à faire les choix qu'il fait. Par exemple, il ne l’oblige pas à commettre des actes coupables. L'homme agit ainsi parce qu'il le veut, et il est en conséquence responsable de ses décisions. Étant pécheur par nature, le péché domine sur toutes les parties de sa nature, y compris sa volonté.

Laissé à sa propre décision, l'homme ne peut désirer et choisir que ce qui déplaît à Dieu. Cela fournit la preuve, s'il en fallait, que la méchanceté est partie intrinsèque de la nature de l'homme, et que celui-ci ne mérite rien d'autre que la juste condamnation de Dieu.


Affranchis – libres !


Seul Dieu, par sa grâce et dans la puissance de son Saint-Esprit, est en mesure de libérer l'homme de cet esclavage du péché. Les prophètes enseignent que cela se produit lorsqu’il lui ôte son cœur de pierre pour le remplacer par un cœur de chair, un cœur réceptif à la volonté divine.

Le Seigneur Jésus le confirme quand il dit : «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres» (Jean 8:36 ; cf. Ézéchiel 36:26,27). II dit encore : «Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire» (Jean 6:44). Ainsi, lorsque Dieu change le cœur d’un homme pécheur et l'attire à lui-même, la volonté de ce pécheur se conforme à la souveraineté divine dans la providence et la rédemption.


Réconciliation impossible


Quand les théologiens et les commentateurs préconisent une «troisième voie», une «voie médiane» entre l'arminianisme et le calvinisme, ils se trompent et ils induisent en erreur ceux qui les suivent. Cette tentative pour réconcilier un libre arbitre chez l'homme avec la souveraineté de Dieu dans le processus du salut prend en réalité la même position que celle qui repose derrière la conception du salut chez l'arminien.

Il n'y a en réalité pas de «voie médiane» entre les deux positions. Soit Dieu, et seulement lui, sauve les pécheurs dans son amour et dans sa grâce, «par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses.» Soit, à l'inverse, il n'est pas le seul acteur dans le salut, mais sollicite l'aide du pécheur pour conclure l’affaire avec succès. Le problème fondamental concerne la gloire de Dieu. Soit la gloire pour le salut d'un pécheur revient à Dieu seul, soit elle va au pécheur si celui-ci a une part à y jouer. En effet, cette part, si minime soit-elle, est le facteur déterminant, sans lequel le salut ne se produit pas. En dernière analyse, l’homme devient donc l’auteur de son salut.


Pas de position neutre


Une autre tentative pour trouver cette «troisième voie» si désirable s’est répandue dernièrement. C’est l'idée que, par l'écoute de l'Évangile, Dieu libérerait en partie le pécheur pour le placer dans une sorte de position neutre, d’où l'homme pourrait alors librement décider, par un acte de sa volonté libre, s'il accepte ou rejette l'Évangile.

Ce point de vue n’a toutefois aucun soutien dans l'Écriture. La Bible enseigne que Dieu agit au travers de sa Parole, et que celle-ci ne retourne pas à lui sans effet, sans avoir accompli ce pour quoi il l’a envoyée. Les actions de Dieu accomplissent parfaitement ses desseins, et celui qui a commencé une bonne œuvre en nous la rendra certainement parfaite par rapport à ces desseins de grâce.

La puissance divine qui imprègne la Parole vivifie le pécheur. Celui-ci passe de la vie à la mort, des ténèbres à la lumière, et il est entièrement libéré de l'esclavage et de la puissance du péché. La Bible ne laisse aucune place pour une position neutre entre la vie et la mort, un état où Dieu placerait le pécheur, le laissant à la merci de sa propre décision autonome.


Une odeur de vie et une odeur de mort


Quand Dieu appelle un homme à choisir la vie, souvenons-nous des deux fonctions déterminantes de la Parole. Nous lisons qu'elle est «aux uns, une odeur de mort, donnant la mort ; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie» (2 Corinthiens 2:16,17). C'est une odeur de vie chez les élus, en qui elle agit avec efficacité pour les amener à se saisir de la vie. Ils font cela librement et de manière responsable en raison du changement de cœur opéré en eux par le Saint-Esprit (cf. 1 Thessaloniciens 1:4,5 ; 2 Thessaloniciens 2:13,14).

Mais la Parole est aussi une odeur de mort, donnant la mort à ceux qui méprisent la grâce de Dieu et choisissent de rester dans la mort. Ils portent l’entière responsabilité de leur décision.

Quelqu'un a dit que «le problème n'est pas de savoir si l'homme peut ou non se sauver, mais s'il le veut ou pas.» Nous sommes d’accord avec cela, mais la question se pose aussi de savoir pourquoi certains refusent d’être sauvés. On peut se donner un plaisir rhétorique en posant la question ainsi, mais cela ne nous aide pas à résoudre le problème de base.


L’œuvre du Saint Esprit


La Bible enseigne qu'aussi longtemps que l'homme est dans la chair, c'est-à-dire un esclave du péché, il ne peut pas désirer ni choisir ce qui plaît à Dieu (Romains 8:8). La vérité tient en ce qu'il ne veut pas se sauver pour la seule raison que son intelligence naturelle répugne à reconnaître les choses de Dieu. Seul le Saint-Esprit a la capacité de les lui faire comprendre (1 Corinthiens 2:12-14). C'est seulement grâce à l'intervention du Saint-Esprit que l'homme peut arriver là où il sera libéré de l'esclavage de sa condition naturelle, et où il désirera se tourner vers Dieu dans la repentance et dans la foi à salut.


Celestino Torres de Oliveira (pasteur baptiste, Lisbonne, Portugal)

(«Les Échos de la Vérité», 2e trimestre 1995)

 




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Jude

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